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Patrimoine culturel immatériel : les jeunes centre-bretons sensibilisés
Dès le début de l’inventaire, BCD et le Pays du Centre Ouest Bretagne souhaitaient que des actions spécifiques soient menées auprès de la jeune population afin de la sensibiliser à la question du patrimoine culturel immatériel. Vaste chantier ! Dans un premier temps, il fallait leur donner les grandes lignes de ce qu’est le PCI et, dans un second temps, les interroger sur des éléments qui leur sont proches. Deux projets ont ainsi vu le jour : des ateliers ethnographiques et le concours Sell'ta ! À la recherche du patrimoine immatériel en Centre Ouest Bretagne.
Ateliers ethnographiques au lycée Paul Sérusier
Durant l’année scolaire 2016/2017, les élèves de la 1ère ES du lycée Paul Sérusier se sont initiés à la démarche d’enquête ethnographique de terrain pour mieux connaître et comprendre leur territoire de vie, le Centre Bretagne, et plus particulièrement la ville de Carhaix et ses alentours. Encadrés par Stéphanie Brulé Josso et Julie Léonard, ethnologues, et par Éric Bréhin, professeur en sciences économiques et sociales au lycée, les élèves ont revêtu leurs habits d’ethnologues en herbe. Avec ce projet, leur professeur souhaitait « faire vivre aux élèves ce qu’est une enquête en sciences sociales et leur faire découvrir ce domaine de recherche spécifique en les rendant “acteurs” du projet. Parallèlement à cela, il y avait également l’idée qu’ils remettent en perspective des idées préconçues. Par cet exercice, ils ont dû se confronter à des points de vue différents des leurs en menant des entretiens auprès de personnes identifiées. Ils ont également pu en apprendre un peu plus sur leur territoire » poursuit-il.
Mener à bien ce type de projet ne peut se faire tout seul. Il a fallu commencer par un gros travail de préparation. Les deux ethnologues leur ont posé de nombreuses de questions : « Qu’est-ce qui m’attache à mon territoire de vie ? Quelles sont, pour moi, ses spécificités ? Et pour ceux qui n’habitent pas à Carhaix et ses alentours, quelles représentations ont-ils des spécificités de leur territoire ? ». Leurs différentes réponses ont permis de définir les thématiques d’enquêtes. Un rendez-vous de deux heures hebdomadaires a été aménagé pour que les élèves puissent avancer dans les six grandes thématiques identifiées : la gastronomie ; les fêtes ; l'immigration-émigration ; le sport ; les paysages et les objets-symboles de la Bretagne. Initiés à la démarche de recherche et aux outils d’enquête de l’ethnologue comme le journal d’enquête, les entretiens semi-directifs et les observations, les élèves, par petits groupes, sont allés à la rencontre de Carhaisien.ne.s, informateur.trice.s privilégié.e.s qui leur ont permis d’approfondir les thématiques choisies (le fruit de ces enquêtes est à retrouver sur ICI).
Sell'ta ! À la recherche du patrimoine immatériel en Centre Ouest Bretagne
Organisé dans le cadre de l'inventaire participatif, Sell'ta ! À la recherche du patrimoine immatériel en Centre Ouest Bretagne est un concours qui ambitionnait d’interroger les représentations qu’ont les 6-20 ans du Centre Ouest Bretagne sur le PCI et d’initier un inventaire de ce qui « fait » patrimoine dans leur environnement quotidien.
Trois éditions ont été organisées entre 2016 et 2019 et ont permis de récolter une vingtaine de contributions portées par plus de 150 jeunes du territoire. Les concurrents, seuls ou en groupe, étaient invités à photographier, filmer ou dessiner un événement, une personne, etc. et à publier leurs contributions accompagnées d’un texte libre inspiré par le sujet (poème, dialogue, récit…).
Ces différents projets ont permis de sensibiliser les jeunes du Centre Ouest Bretagne à leur propre patrimoine culturel immatériel et à celui de ceux qui les entourent. Toutefois, on ne peut préjuger de ce qu’ils en feront dans les années à venir, la transmission du PCI impliquant une nécessaire réappropriation par les nouvelles générations. Face au constat partagé d’un manque au niveau des écoles ainsi que d’une difficulté à « passer la porte » des établissements scolaires, il est notamment nécessaire de réfléchir à la mise en place d’un dispositif d’éducation à destination des jeunes. Pour cela, plusieurs pistes sont envisageables, à l’instar de l’enseignement artistique et culturel (EAC). Un exemple peut être le dispositif d’action culturelle « Ma Bretagne à l’école » mis en place par Golfe du Morbihan Vannes Agglomération (GMVA) sur le patrimoine immatériel (autour de la musique, de l’éveil à la langue bretonne et du conte).
Mikaël Le Bihannic
Article paru dans Le Poher
Semaine du 04 au 10 août 2021
Trois questions à Nicolas Amaury, responsable des formations à Bretagne Culture Diversité
Qu’est-ce que l’enseignement artistique et culturel ?
Les EAC ont été mis en place au niveau national en 2016 par les ministères de l’Éducation nationale et de la Culture. Ouvert à tous les jeunes, ce dispositif a pour vocation à amener des élèves à rencontrer des œuvres, des artistes et des pratiques artistiques. Tout ceci repose sur l’engagement de plusieurs partenaires : communautés éducatives et monde culturel, secteur associatif et société civile, État et collectivités territoriales. L’objectif est que tous les élèves, de la maternelle à la terminale, puissent avoir des contacts réguliers avec le monde artistique et culturel.
Comment sont mis en place ces séquences ?
Il n’y pas de « modèle ». Nous sommes ici face à du cas par cas. L’artistique domine mais tout atelier peut être imaginé : rencontrer des musiciens en résidence et les voir sur scène en concert, suivre une résidence d’artistes, etc. L’art et la culture doivent être les leviers pédagogiques.
En quoi ce dispositif peut-il être un moyen de sensibiliser les jeunes au PCI ?
Les EAC sont un bon moyen de donner un accès à la culture pour tous. C’est une occasion pour le corps enseignant de se saisir de cette question. C’est également le moyen de jeter des ponts entre le monde scolaire et périscolaire. Enfin, cela permettra de mobiliser le milieu associatif culturel qui porte ces enjeux de transmission. Cette implication de tous les acteurs permettra de redonner un sens social au patrimoine culturel immatériel.