Fédération régionale pour la culture et le patrimoine maritimes
Faire patrimoine et mémoire en commun

© Frcpm-Bretagne
« Nous mettons en exergue des témoignages sans lesquels le patrimoine bâti aurait moins de sens sur la fonction. Conserver un phare sans savoir quel gardien de phare y travaillait, quel intérêt ? Que serait notre patrimoine sans la volonté et l’action des hommes et des femmes ? Notre mission est d’œuvrer là où les bateaux et les témoignages des populations qui s’y rattachent sont un patrimoine vivant à collecter et font partie du paysage, au même titre que les chapelles et les anciennes demeures… »
Clémentine Le Moigne
chargée du patrimoine culturel immatériel à la FRPCM
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« Au cours des années 70, nous étions dans une société et une culture dont les savoir et savoir-faire transmis oralement étaient menacés de disparaître, il était urgent de collecter le patrimoine oral des gens de mer. Pour ce faire, la fédération régionale pour la culture et le patrimoine maritimes en Bretagne a été créée, en 1979, par la volonté d’Alain Decaux, alors conseiller à la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne », commente Clémentine Le Moigne, chargée du Patrimoine Culturel Immatériel à la FRCPM Bretagne. Les objectifs : fédérer les associations autour du patrimoine maritime, les soutenir dans leurs actions de sauvegarde, collecter les savoir-faire techniques et étudier les dossiers pour le classement Monument historique ou l’inscription à l’inventaire annexe des monuments historiques par le ministère de la Culture et de la Communication.
À signaler par ailleurs le label Bateau d’Intérêt Patrimonial, le BIP, décerné par la fondation patrimoine maritime et fluvial.
Classer un bateau comme un monument Lire la suite
« Au début des années 80, Il n’était pas facile de faire comprendre qu’on pouvait classer un bateau comme on pouvait le faire pour un monument », souligne Clémentine Le Moigne. Dès 1983, le sinago de Séné Les trois frères, construit en 1943, et le sloop coquillier de L’Hôpital-Camfrout Bergère de Dom Rémy, construit en 1936, bénéficient de cette protection du ministère, grâce à l’engagement associatif des militants.
« Nous sommes issus d’un mouvement culturel né sous l’impulsion de passionné.e.s. Un mouvement fédéré en particulier par l’équipe de la revue Chasse Marée, implantée à Douarnenez », signale Clémentine Le Moigne. Et de citer, en 1983, la construction de la chaloupe sardinière Telenn Mor, en 1984, l’ouverture du centre de formation en charpente de marine traditionnelle et moderne sous l’égide de la FRCPM Bretagne, mais aussi en 1987, l’ouverture du Port-Musée… Ce qui fait dire à la chargée de mission : « Douarnenez est la capitale du patrimoine maritime ! ».
Transmettre les savoir-faire par des formations professionnelles Lire la suite
Avec le centre de formation les Ateliers de l’Enfer, la transmission est au cœur des missions de la FRCPM. À la formation au CAP de charpentier de marine et au CAP ouvrier sellier, au fil des années se sont ajoutées les formations en voilerie et récemment en sellerie nautique, agréées pour les certificats de qualification professionnelle par la fédération des Industries nautiques. Cette dernière a en effet souhaité professionnaliser la filière de sellerie nautique, en particulier pour répondre aux attentes du yachting de luxe. « Nous formons chaque année des stagiaires qui sont assurés de trouver ensuite un emploi », constate la chargée de mission du PCI.
Collectes et enquêtes sur les métiers de la mer Lire la suite
En parallèle des formations professionnelles, la FRPCM développe un secteur culturel qui se traduit par la collecte des témoignages oraux d’anciens marins ou les enquêtes menées sur les métiers de la mer. Clémentine Le Moigne, ethnologue, répond ainsi à différents appels d’offre émanant des collectivités, d’institutions ou d’autres structures. « Nommée en 2010, j’ai été mandatée pour réaliser le collectage des témoignages d’anciens gardiens de phare du parc marin du Parc naturel marin d’Iroise, au moment des questionnements sur le devenir patrimonial des phares. » Au-delà de l’inventaire réalisé sur les techniques et les savoir-faire liés à ce métier, les interviews réalisés ont nourri l ‘ouvrage De mémoire de phares, publié aux Editions Ouest-France, en 2012.
Suite à cette enquête, l’ethnologue s’est intéressée au métier des guetteurs sémaphoriques et leur évolution. Autre exemple : en 2014, la chargée de mission intervenait sur l’inventaire des biens patrimoniaux de l'archipel des Glénans, autour du patrimoine bâti et navigant, avec les témoignages oraux des professionnels et usagers des îles. Des enquêtes publiées sur la base de données du service de l'Inventaire de la Région Bretagne.
Observer les évolutions et appréhender les perspectives Lire la suite
D’autres études s’inscrivent dans une vision prospective et économique explique la chargée de mission : « Dans le cadre des formations dispensées aux Ateliers de l’Enfer, nous avons réalisé trois études sur les métiers maritimes, visant à connaître l’évolution et à appréhender les perspectives futures du métier. Ces enquêtes de terrain sont déterminantes dans le suivi et l’élaboration de la formation et dans l'utilisation des savoir-faire traditionnels dans les chantiers ». Citons l’étude menée sur l’évolution des quatre vingt chantiers navals recensés en Bretagne. « Si leur nombre est resté constant depuis vingt ans, les entités juridiques et leur secteur d’activité ont changé, avec un nombre de bateaux de pêche moindre ». Citons encore l’étude menée, en 2012, dans une démarche de diversification des emplois féminins et d’égalité des chances hommes femmes : « Être charpentière de marine en Bretagne ».
Et cette liste, non exhaustive, intéresse aussi le patrimoine fluvial, avec le témoignage des éclusiers et gabariers de l’Aulne par exemple. « Nous portons désormais l’étiquette PCI maritime et fluvial. Nous pouvons donner une impulsion là où il y a urgence », affirme Clémentine Le Moigne.
C.B.
Historique
1979 : création de l’association.
1984 : ouverture du centre de formation en charpente de marine traditionnelle et moderne.
1990 : lancement de la formation en voilerie traditionnelle et moderne.
2005 : lancement de la formation sellerie, avec la Fédération des industries nautiques.
Fondateurs : Alain Decaux (DRAC Bretagne), Hervé Gloux (directeur du musée de la pêche de Concarneau), Bernard Cadoret (Chasse-Marée).
Président : Jean-Marie Bechu.
Équipe : huit salarié.e.s à temps plein ou partiel et une dizaine de bénévoles.
Financeurs
Secteur formation : Région Bretagne
Secteur culture (enquêtes, collectages…) : Région Bretagne, Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC).
Partenaires : Conseil général du Finistère, Port-musée de Douarnenez, musée de la pêche de Concarneau, OPCI et les partenaires en lien avec les actions menées (Temps fête organisateur du festival maritime de Douarnenez, Phare en cap du Cap Sizun, le Parc marin d'Iroise, la commune de Loctudy, l'association Fée de l'Aulne.…)
Réseau : European heritage maritime (EMH), FRCPM Nord-Pas de Calais, Fédération patrimoine maritime méditerranée, Fondation du patrimoine maritime et fluvial.