Le Parti socialiste unifié en Bretagne

Auteur : Tudi Kernalegenn / décembre 2016

Né en 1960 de la fusion de plusieurs organisations de gauche, le Parti socialiste unifié a une place et un rôle particulier en Bretagne. En effet, plusieurs poids lourds de la SFIO en Bretagne rejoignent le PSU, à l’instar de Tanguy Prigent dans le Finistère et d’Antoine Mazier et Yves Le Foll dans les Côtes-du-Nord. Ils entraînent avec eux de nombreux militants, faisant du PSU la principale organisation socialiste dans les deux départements de l’ouest breton jusqu’au début des années 1970. La Bretagne est alors un des principaux bastions du PSU, avec environ 10 % des adhérents du parti au cours des années 1960. Trois des députés du PSU sont élus en Bretagne, soit la moitié de ceux obtenus par le parti au cours de son histoire.

Le PSU est une fusion de courants socialistes laïques et chrétiens de gauche. Il est ainsi un des principaux creusets où sera dépassé le clivage entre laïcs et chrétiens, particulièrement problématique en Bretagne. Ce qui favorise l’évolution de la Bretagne vers le centre-gauche. En outre, le PSU réfléchit de manière précoce à la question bretonne. Il revendique dès les années 1960 des assemblées régionales démocratiques de même qu’une réhabilitation des cultures et langues régionales. Dans les années 1970, il analyse même la Bretagne comme une nationalité opprimée bénéficiant du droit à l’autodétermination. Il a ainsi un rôle crucial dans l’appropriation de la question régionale par une gauche bretonne jusqu’alors jacobine.

Créé en réaction à la guerre d’Algérie et à la mise en place de la Ve République, le PSU réfléchit à la modernisation de l’idéologie socialiste. À l’écoute des nouvelles dynamiques sociales et idéologiques, il est particulièrement en phase avec les événements de Mai 68, et bénéficie d’un afflux de nouveaux militants. Les années qui suivent sont pourtant difficiles. Le parti est déchiré par les courants – maoïstes, trotskistes, autogestionnaires – qui le composent. En 1974, une majorité de ses militants et élus rejoignent le Parti socialiste, où ils amènent leurs aspirations démocratiques et régionalistes. C’est la deuxième gauche, le courant rocardien, particulièrement fort en Bretagne. Le PSU maintenu, quant à lui, s’investit dans les luttes écologistes, avant que nombre de ses militants rejoignent Les Verts. Le parti disparaît en 1990.

 

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Auteur : Tudi Kernalegenn, « Le Parti socialiste unifié en Bretagne », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 2/12/2016.

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