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Jeux et sports

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Jeux et sports

« Le Gouren est une discipline sportive ludique, à valeur identitaire et d’éducation populaire. C’est un sport de combat qui se veut de son temps, tout en s’appuyant sur une histoire de plusieurs siècles. Nous pourrions, comme le judo, affirmer notre portée universelle. »

Jean-François Hubert

« Les bretonnants disent je vais aux luttes. La tradition voulait que les participants partent du bourg jusqu’au champ de lutte, accompagnés par les sonneurs qui jouaient la marche des lutteurs. Une tradition bien vivace dans le milieu rural jusque dans les années 70.[1]», commente Jean-François Hubert, président de la fédération de Gouren. Aujourd’hui, le défilé des lutteurs se perpétue à la Saint-Loup de Guingamp, aux Filets bleus de Concarneau et à la Saint-Kadou, le premier dimanche du mois d’août pour honorer le saint patron des lutteurs.président de la fédération de Gouren

MISSIONS

« Les bretonnants disent je vais aux luttes. La tradition voulait que les participants partent du bourg jusqu’au champ de lutte, accompagnés par les sonneurs qui jouaient la marche des lutteurs. Une tradition bien vivace dans le milieu rural jusque dans les années 70.», commente Jean-François Hubert, président de la fédération de Gouren. Aujourd’hui, le défilé des lutteurs se perpétue à la Saint-Loup de Guingamp, aux Filets bleus de Concarneau et à la Saint-Kadou, le premier dimanche du mois d’août pour honorer le saint patron des lutteurs.

Le Gouren est un sport de combat qui n’a pas d’historique en tant que tel. C’est en effet un jeu de lutte. Il est pratiqué debout entre des partenaires et non des adversaires qui prêtent serment et s’embrassent avant le combat, portant haut le roched, la chemise, et le bragoù, le pantalon.
« Cette pratique a été importée en Armorique par les Bretons de la Cornouaille britannique, au 5e ou 6e siècle », explique le président. Ce sport était l’apanage des nobles qui s’entraînaient ainsi à l’art guerrier. Bertrand Duguesclin participait à des tournois de Gouren sur la place des Lices, à Rennes. Au cours des 15e et 16e siècles, des échanges entre les lutteurs des deux pays n’étaient pas rares. François 1er s’est ainsi mesuré à Henri VIII, roi d’Angleterre. Il est dit que le roi français marqua un magnifique lamm : « Une chute parfaite qui se fait avec les deux épaules du partenaire plaquées au sols », souligne le président.

Si des évolutions techniques se sont faites au fil du temps, en particulier sur la durée des combats afin de respecter l’intégrité physique des lutteur.se.s ou pour préciser et unifier certaines règles, les seize prises de base sont restées identiques. Autre évolution notoire : initialement réservée aux hommes, la lutte bretonne s’est féminisée au milieu des années 80, et compte aujourd’hui plus de 25% de licenciées.
Toutes les compétitions se font par catégorie d’âge et de poids. La durée des combats s’échelonne entre trois minutes, pour les benjamins, et sept minutes, pour les plus confirmés. Pas de limite d’âge pour pratiquer la lutte bretonne : « Certains anciens lutteurs s’entraînent toute l’année et se retrouvent l’été pour le tournoi vétéran dit le tournoi des chefs. Nous proposons des entraînements spécifiques à chaque tranche d’âge, afin de mieux répondre aux besoins de chacun ». De plus, la progression technique est adaptée aux enfants et aux adultes débutants. « Par exemple, dans la plupart des skolioù, écoles de Gouren, le babigouren est ouvert dès l’âge de 4 ans. Une façon pour la fédération de faire bouillir la marmite ».

Et le président de souligner : « Nous sommes toujours très sollicités pour des animations en milieu scolaire, car nous répondons à un double enjeu : une forte attente d’activités de découverte du patrimoine et une activité sportive qui développe les jeux d’opposition ». Concession faite à l’époque, le brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport vient sanctionner la transmission de cette forme de lutte ancestrale. Le BPJEPS, lutte et disciplines associées option Gouren, consacre cette discipline comme une pratique sportive contemporaine et nationale.
« Aujourd’hui, en Bretagne, nous sommes toujours mieux implantés en milieu rural, dans les petites communes. » Depuis une dizaine d’année, les effectifs restent stables et le nombre de prétendants au Championnat de Bretagne est identique, malgré un turn over de 30%.
Compétitions en salle sur tapis olympique de lutte, le palenn, durant la saison d’hiver, et sur la sciure, l’été en plein air, le calendrier de la fédération s’échelonne toute l’année.
Si la tradition veut que le vainqueur de chaque tournoi remporte le fameux Maout, un bélier, le prestigieux trophée n’est plus offert que de manière très ponctuelle, en raison de directives sanitaires et de sensibilités sociales affirmées.

Renouant avec les joutes courtoises entre nations, le championnat d’Europe des luttes celtiques offre une vitrine importante aux sports de lutte celtiques. Au sein de la fédération de Gouren, s’enseignent les deux styles de lutte en lice : le Gouren, lutte bretonne qui se pratique traditionnellement sur la sciure de bois, et le Back hold, lutte écossaise, sur l’herbe.
« Tout l’enjeu pour une activité d’essence traditionnelle est de ne pas rester figée. La question à nous poser est de savoir si nous nous accrochons bec et ongle à des valeurs et des fonctions, avec le risque de stagner dans notre approche, ou de savoir si nous embarquons dans une démarche plus proactive et spectaculaire, avec le risque de perdre notre âme, mais en gagnant en notoriété. Il nous faut à la fois nous adapter à l’air du temps, répondre aux attentes en matière de sport et de compétition, sans oublier notre histoire. Autant de questions sur lesquelles la fédération réfléchit pour les dix ans à venir », affirme le président.

Christine Barbedet – avril 2016