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Chant

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Festival

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Festival

« Avec cette notion de patrimoine culturel immatériel, ce sont les peuples qui sont garants de la connaissance. C’est une façon de garder une certaine autonomie face à la mondialisation économique. C’est la question de l’identité que nous posons et d’une philosophie qui permet de garder les liens avec la tradition orale. »

Paul Terral

directeur de Phare Ouest

MISSIONS

« Le vent, la mer et la guerre / Tournent contre le Français / Allons les gars gai, gai /Allons les gars gaiement !… » Ce jour-là, à l’occasion des Bordées de Cancale, chanteurs et chanteuses réuni.e.s poussent les barres de cabestan et au rythme de l’effort, mènent le chant. Cette manœuvre fictive exécutée en chœur et à quai donne la cadence d’un chant à relever l’ancre, à virer une aussière ou à déhaler un bateau. « Animateur d’ateliers de chants de marin traditionnels pour les enfants, dès le début, j’ai voulu relier la transmission de ces chants de tradition maritime aux manœuvres auxquelles ils étaient attachés », commente Paul Terral, directeur de Phare Ouest. Participant de cette dynamique, une réplique de cabestan permet désormais aux moussaillons embarqués le temps d’un chant, de mettre la main à la barre. « Un bel objet fabriqué pour l’association Phare Ouest, par les établissements et service d’aide par le travail de Châteauneuf et de Saint-Malo, incontournable dans nos animations », explique le directeur.

Au début des années 90, désireux de transmettre aux enfants un chant traditionnel issu du collectage, centré sur les chants de marins, Paul Terral, intervenant musical en milieu scolaire à Langueux, ouvre un premier atelier à Hillion, puis un autre à Cancale. De ce travail pédagogique mené avec les enfants naît le groupe Les Pirates, marqué en particulier par la rencontre avec Aimé Lefeuvre, ancien terre-neuva.
Support des ateliers, l’association Phare Ouest lance le festival Les Bordées de Cancale, en 2000, avec un postulat : « Comment dans une communauté humaine, avec le chant traditionnel on peut développer un répertoire intergénérationnel… comment on peut retrouver l’émotion, l’âme et le sensible, avec un chanteur qui chante a capella au milieu de ceux qui écoutent, avec l’idée de les faire chanter », explique Paul Terral.

Dans l’esprit du patrimoine culturel immatériel, défenseur d’une « biodiversité culturelle », Paul Terral pose le lien social comme question centrale : « Ce qui m’intéresse, c’est la convivialité et la relation engendrées pour faire société ensemble, avec la valeur symbolique du partage des codes d’une société, une conduite sociale et une vie affective, qu’on transmet entre les générations ». Aux Bordées de Cancale, Paul Terral remarque la présence de personnes isolées, peu adeptes des festivals : « Souvent sur le bord de la route, celles-ci aiment à se retrouver aux Bordées comme dans une famille ». De plus, le directeur souligne la force du bénévolat, au sein de Phare Ouest, qui s’exprime au travers des traditions orales.

Une telle motivation a permis de lancer, en 2014, le festival Vents de Vilaine, à Pont-Réan. « L’idée est de valoriser les traditions orales des habitants des bords de fleuve, celles des pays du vallon de Vilaine, en regard avec un fleuve invité », explique Paul Terral. Citons le Shannon, le Danube ou encore le Guadalquivir. La volonté de Phare Ouest est de développer le partage de pratiques populaires que ce soit les recettes locales, avec par exemple les roupettes à queue, cerises à l’eau de vie, ou encore les techniques de pêche…
Autant de découvertes proposées durant l’année, les Bordées de Cancale et Vents de Vilaine ne sont pas des événements isolés. « Nous animons des ateliers de chant de marin et des temps forts : des veillées chantées trimestrielles dans les bars de Cancale ou encore « Un dimanche par mois » entre Rennes et Pont-Réan et Pont-Réan et Messac, autour des savoir-faire liés aux écluses, aux moulins à eau… », explique Paul Terral.

Christine Barbedet – avril 2016