L’eau, ressource essentielle

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L'eau à la source de toute vie

L’eau, omniprésente et indispensable à la vie, constitue un élément essentiel de notre planète. Partout présente dans le cosmos sous forme de gaz ou de glace, cette association instable d’atomes d’hydrogène et d’oxygène a, semble-t-il, seulement sur la Terre la particularité d’être également liquide. Chance extrême, c’est en son sein qu’est apparue la vie, les premières bactéries, il y a 3,5 milliards d’années.

L’eau est présente sous forme de mers, d’écoulements, de nappes, de pluies, de nuages. Grace à l’énergie thermique, tout un cycle d’échanges anime constamment, selon les températures, ses transformations sous les formes solide, liquide ou gazeuse. Le total des masses d’eau présentes sur Terre est estimé à 1 385 990 800 km3, 3 % seulement étant des eaux douces. Si, un temps, les mers ont totalement recouvert la Terre, elles se répartissent désormais de la manière suivante :

 

 

Cette eau a façonné la surface du globe (action érosive), immergé une grande partie de la croûte terrestre (mers et océans). Mais surtout, sans elle, pas de vie végétale ou animale possible. Elle constitue la matière essentielle de nos tissus (65 % de notre poids d’être humain), celle de tous les êtres vivants, végétaux ou animaux. Aussi est-elle vitale pour tous les organismes.

L’eau est nécessaire à notre corps : en milieu tempéré, un homme doit en absorber 2,5 litres par jour pour se maintenir en vie. Mais par ses caractéristiques physiques et chimiques l’eau sert aussi à nos activités : irrigation des cultures, énergie (transferts de chaleur), lavage, raffinage, transformation des produits de l’industrie.

Pendant longtemps, les hommes, tout en ayant conscience de son rôle vital (cf. cultes de l’eau dans les religions), se sont peu préoccupés de cette ressource si abondante. Mais du fait de sa nature, de ses usages, elle véhicule de nombreux polluants : bactéries, pollutions organiques, chimiques. Toute l’eau disponible pour l’homme sur Terre n’est plus toujours utilisable pour ses besoins : il la pollue ce qui pose les questions de préservation et de traitement de cette ressource majeure.

Mais surtout, nous en avons des besoins croissants. Au cours du XXe siècle, notre agriculture a multiplié par 5 les surfaces irriguées. Elle absorbe désormais 70 % des 3 800 km3 absorbés chaque année par l’humanité ; l’industrie, 20 % ; nos usages domestiques, 10 %. Les réserves disponibles sont surexploitées en raison de nos modes de vie et de nos comportements face à une ressource qui semble incommensurable.

Cette question de l’approvisionnement en eau devient un défi majeur de l’humanité pour trois raisons au moins :

  1. La croissance démographique mondiale, tout d’abord, amplifie nos besoins à l’égard de ce bien commun. En ce dernier siècle, la population mondiale est passée de 1,7 M2 d’êtres humains à 6 M2 ; nous serons bientôt 9,5 M2.
  2. Son inégale répartition sur Terre, pour des raisons climatiques, provoque en certains lieux de graves pénuries. Les deux tiers de l’humanité, soit plus de 4 M2 d’individus, sont exposés au manque d’eau. Le subcontinent indien ou le territoire de la Chine, très peuplés, sont les plus exposés. Mais la sécheresse guette d’autres régions du monde : Afrique subsaharienne et australe, Australie, certaines portions du continent américain (cf. carte). L’accès à l’eau devient ainsi source de conflits, d’accaparement, de spéculation. Terrible constat pour ce qui devrait rester un bien commun pour l’humanité.
  3. Enfin, le réchauffement du climat, en maints endroits, risque d’accroître cette pénurie.

Si l’Europe et notamment la Bretagne échappent à ces pénuries présentes, la question de la ressource en eau n’y est cependant pas anodine. L’accès à l’eau, à une eau de qualité, devient un sujet majeur, vital et stratégique pour toute société, y compris la nôtre.

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