Un exemple emblématique : le port du Crouesty

Auteur : Johan Vincent / novembre 2019

En 1962 est constitué un groupement d’urbanisme de la presqu’île de Rhuys qui rassemble les communes d’Arzon, de Saint-Gildas-de-Rhuys et de Sarzeau. Plusieurs projets sont programmés pour donner une vocation touristique à ces communes confrontées à la déprise agricole, tout en évitant un développement anarchique.

Or il n’existe pas de port de plaisance sur le littoral à l’est du golfe du Morbihan. Le secteur de Kerjouanno-Le Crouesty, couvert par une zone d’aménagement différé (ZAD, dispositif créé en 1962) depuis 1969 pour éviter la spéculation foncière, est approuvé dans les documents d’urbanisme d’Arzon en 1971. La conduite de l’opération revient à la SATMOR. Cette station touristique nouvelle doit se développer sur 163 hectares, en deux parties complémentaires : à Kerjouanno, en îlots séparés par des coulées vertes, et autour du port de plaisance du Crouesty.

Mis en service en juin 1974, le succès du port du Crouesty est long à se dessiner. Seulement 120 places sont disponibles au cours de la première année et le port, au milieu de la lande, présente peu de services. Confrontés à la crise économique consécutive au choc pétrolier, des promoteurs immobiliers commencent à se retirer du projet. En 1980, la déclaration d’utilité publique – procédure administrative qui permet la réalisation d’une opération d’aménagement d’intérêt général sur des terrains privés en les expropriant – se termine. La SATMOR vend l’opération immobilière au Groupe européen d’études et de réalisations (GEER), connu pour ses aménagements en montagne. Le port dépasse enfin les mille anneaux au début des années 1980, mais à quel prix ? Le Conseil général du Morbihan renfloue en (grande) partie les caisses de la SATMOR. Selon un calcul fait à l’époque, chaque contribuable du département doit « payer » entre 1 200 et 1 500 francs par anneau place de port pour combler ce déficit. En réalité, le véritable succès vient à partir de la fin des années 1980, avec la réorganisation du tissu commercial et l’installation d’une thalassothérapie (1990) puis la construction d’un golf à proximité et d’un casino (2000).

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Auteur : Johan Vincent, « Un exemple emblématique : le port du Crouesty », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 19/11/2019.

Permalien: http://www.bcd.bzh/becedia/fr/un-exemple-emblematique-le-port-du-crouesty

Proposé par : Bretagne Culture Diversité