L’enjeu énergétique : un bien lourd héritage

Yves Lebahy">

Dans nos sociétés développées, la question de l’énergie est primordiale. Elle est le fondement de nos activités, de notre bien-être.

Mais les choix hérités du xixe siècle nous ont conduits à privilégier les énergies fossiles , aisées à mettre en œuvre. Mais la Bretagne, n’en disposant d’aucune ou si peu, s’est trouvée dépendante d’une importation de ces ressources, ses habitants oubliant à la faveur de la révolution industrielle que, pendant des siècles, ils avaient utilisé celles issues de leur propre territoire (hydraulique, vent, bois, force animale).

Par ailleurs, la conception centralisée au niveau national de cet enjeu stratégique, en renforçant le monopole d’une société de production et de distribution (EDF et ERDF), en jouant sur l’interconnexion des réseaux de distribution, a accru cette dépendance de notre région à l’égard des zones de production extérieures. Face à la croissance de la consommation, aux choix énergétiques imposés par l’État, qui ont valorisé depuis 50 ans une option nucléaire fortement contestée en Bretagne, cette situation s’avère désormais intenable. La région doit retrouver un tant soit peu l’autonomie énergétique indispensable à son développement.

En effet, l’État et l’EDF n’ont cessé depuis des décennies de fustiger cette dépendance dont ils sont en grande partie responsables. À chaque « black out », la question est évoquée, reproche incessant envoyé à l’encontre de la société bretonne qui, dans les années 1970, s’est opposée aux projets de centrales nucléaires (Plogoff, Erdeven, Le Carnet).

Dans ce combat de mauvaise foi, cette dépendance n’a cessé d’être soulignée. Toute occasion de culpabiliser les Bretons pour avoir refusé cette production nucléaire était bonne. Et ce point de vue reste encore implicite dans les discours des représentants de l’État en Région.

Certes, en 1960, la Région Bretagne ne produisait que 2 % de ses besoins ; en 2005, 5 % ; en 2010, 8 % ; 11 % récemment encore. C’était oublier alors qu’en incluant la Basse-Loire, territoire breton, cette proportion passait à 16 % grâce à la production de la centrale de Cordemais (2 600 MW produits en thermique au charbon et au fioul), en partie exportée vers la Région parisienne, elle-même tout aussi dépendante des apports extérieurs. Pour autant, il n’a pas été imposé à l’Île-de-France de se doter de parcs éoliens ! L’interconnexion voulue des réseaux répondait à ces besoins, chaque région partageant, au nom de l’intérêt national, ses potentialités les plus pertinentes. C’était le résultat d’une vision centraliste de l’État français et de son organisation. En 2014 cette production locale en Région Bretagne représente 13,3 % de ses besoins, la consommation ayant diminué dans le même temps.

 

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