Les particularités du réseau hydrographique breton

Auteur : Yves Lebahy / novembre 2016
L’accès à la ressource en eau dépend certes de la pluviométrie mais aussi de ses conditions de rétention dans les sols et de ses écoulements de surface jusqu’à la mer. Or, s’il pleut raisonnablement sur la région, les contraintes géologiques, pédologiques et de relief altèrent cette manne, réduisant d’autant la quantité disponible, si vitale pour les hommes et leurs activités.

Une eau rare parfois

La Bretagne est un massif ancien situé dans le monde tempéré de la façade atlantique de l’Europe. Par définition, ce territoire ne devrait pas connaître de problème en matière d’approvisionnement en eau. Et pourtant il souffre d’épisodes de sècheresse au moins 2 mois par an, et la tendance sera à l’aggravation avec la mutation du climat. Les prévisions du GIEC envisagent en effet une réduction des précipitations de 25 % d’ici la fin du XXIe siècle. Pour le moment, l’eau y est encore abondante (de 800 à 900 mm en moyenne selon les lieux avec des pluies régulières), les cours d’eau nombreux (30 000 km en Région Bretagne), le réseau hydrographique dense.

Une variété de réseaux hydrographiques

Cependant, compte tenu de la morphologie, des différences géographiques apparaissent. Il est de coutume de souligner l’opposition Ouest/Est de bassins hydrographiques dont la limite de séparation relèverait de la ligne Saint-Brieuc/Vannes.

Particularités du réseau hydrographique breton

  • À l’ouest de cette ligne, les reliefs plus élevés (250 m en moyenne) reçoivent des pluies plus importantes (de 900 mm en moyenne et jusqu’à 1 200 mm dans les monts d’Arrée et les montagnes Noires) sur des sols granitiques à faible capacité de rétention. Il en résulte un écheveau de petits fleuves côtiers (- de 100 km de cours) à la pente forte, aux eaux fraîches et au débit soutenu.
  • À l’est, région plus basse et moins arrosée (800 mm) constituée du bassin sédimentaire et schisteux rennais, s’étale un réseau plus grand (Vilaine, Oust, Meu et affluents) à la pente faible, aux eaux plus chaudes en été (24-25 °C).

Mais à cette première disparité il faut en ajouter une seconde qui a aussi son importance, sur le plan humain notamment, celle qui oppose le versant nord au versant sud de la région. Résultant de la dissymétrie du relief, les petits fleuves côtiers de la côte nord ont des pentes plus fortes, des bassins plus réduits, ce qui leur donne parfois des allures de torrents (Penzé, Jarlo, Léguer, Trieux, Leff, Gouët, Arguenon, Couesnon). Ils circonscrivent des bassins de vie bien délimités. À l’inverse, sur la côte sud, ces petits fleuves côtiers s’étalent sur des pentes moins abruptes et ont le temps de constituer de petits réseaux (Aulne, Odet, Scorff, Blavet, Loc’h), lesquels n’offrent pas ces mêmes entités spatiales bien cloisonnées.

Tous se terminent à la mer par ces vallées ennoyées, héritage des dernières transgressions marines : les rias. Ces estuaires caractéristiques de la Bretagne constituent des espaces de transition terre/mer très particuliers, biologiquement riches et propices aux activités et à la présence humaine.

L’Elorn en aval de Landerneau - photo : Riviere-elorn.n2000.fr - Paraflash

Des nappes phréatiques restreintes

Mais tous innervent des territoires dont les sols offrent une faible capacité de rétention.

Socle principalement granitique et schisteux, les sols n’ont que très peu de nappes aquifères. Au contraire, on estime que 80 % des eaux de pluie retournent en quelques jours à la mer (soit l’équivalent de 10,4 M2 de m3/an). Seuls 20 % de la ressource en eau disponible naturellement proviennent des nappes, situées principalement à l’est. Les seuls gisements exploitables sont localisés dans la cuvette sédimentaire tertiaire du bassin de Rennes, les zones alluvionnaires du lit de la Vilaine, les fissures profondes des grès armoricains. Car dans les granits, même fissurés, même disposant de nappes profondes, la percolation de l’eau ne dépasse pas la vitesse de 3 mm par an ! Abondante sous forme de pluies, au sol cette ressource reste d’accès finalement limité en raison de ces contraintes naturelles.

Le Trieux à Squiffiec (22) - Photo Eau et Rivières de Bretagne

CITER CET ARTICLE

Auteur : Yves Lebahy, « Les particularités du réseau hydrographique breton », Bécédia [en ligne], ISSN 2968-2576, mis en ligne le 15/11/2016.

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