Une résidence de la noblesse gauloise à Paule

Restitution du premier habitat de Paule vers -450 (extrait), Laurence Stéphanon, Arts graphiques et Patrimoine.

Auteur : Yves Menez / novembre 2016

La résidence d’une puissante famille de la noblesse gauloise a été entièrement fouillée à Paule, dans les Côtes-d’Armor. Elle a livré notamment quatre bustes de puissants personnages de l’aristocratie osisme, dont celui d’un barde tenant une lyre.

L’habitat gaulois de Saint-Symphorien à Paule, dans les Côtes d’Armor, a été fouillé de 1988 à 2010 sur une superficie de 5,2 hectares. Fondé vers -550, il est démoli vers -10, lors de la fondation à une dizaine de kilomètres de Vorgium – Carhaix, capitale de la cité des Osismes.

De -550 à -175 : une vaste exploitation agricole, transformée en une résidence fortifiée

Le grand domaine des origines abrite, dans un enclos d’une superficie d’un hectare, une vaste demeure comportant une citerne, une cave et de nombreuses annexes : des souterrains et des celliers pour entreposer les récoltes ou les laitages ainsi que des ateliers pour le tissage. Un enclos édifié à la périphérie sert de corral pour le bétail. Deux cimetières protégés par des palissades accueillent les restes incinérés ou inhumés des personnes qui vivaient en ce lieu.

Vers -300, la majeure partie de cet habitat est arasée pour édifier deux enclos. L’un, délimité par un petit rempart dominé par des tours, abrite le logis ; l’autre, délimité par un simple talus, abrite les dépendances. Les cimetières sont abandonnés. Un renforcement des clôtures vers -250 correspond très vraisemblablement à une mise en défense de ce site.

De -175 à -10 : une agglomération est construite au pied de la résidence

À l’issue d’un incendie, d’importantes campagnes de travaux transforment cet habitat vers -175. Des constructions monumentales, écuries, granges et entrepôts, sont édifiées à la périphérie de la résidence, à l’abri d’une ligne de remparts englobant une superficie estimée à 10 hectares. De -150 à -50 se succèdent de nombreux chantiers. La résidence est à nouveau fortifiée, par la construction d’un rempart et d’accès dotés de chicanes et de tours portières. De nombreux bâtiments sont édifiés aux alentours, à l’intérieur de l’enceinte de 10 hectares qui protège désormais une petite agglomération.

Dès -10, soit quelques décennies après la conquête de la Gaule par les armées de César, les bâtiments et les remparts sont systématiquement démontés et les matériaux récupérés. Un lieu de culte édifié autour de deux tumulus de l’âge du bronze abrite durant trois siècles des cérémonies attestant l’ancienneté de la famille noble qui résidait autrefois en ce lieu.

Un lieu de pouvoir, contrôlant des mines et des voies majeures

Dès l’origine, l’habitat de Paule est implanté à un carrefour de voies majeures qui traversent la péninsule bretonne. Dans un premier temps, il s’agit de simples chemins creusés par le passage des chariots. Vers -150, les voies, larges de 8 mètres, sont empierrées et bordées de fossés. Leurs tracés seront repris par les voies romaines, médiévales et modernes. Le site domine les sources de Saint-Symphorien, qui ont certainement contribué à son alimentation en eau, avec les citernes et le puits aménagés dans l’enceinte. Il contrôle également des mines découvertes à proximité, exploitant vraisemblablement le quartz aurifère. La métallurgie de l’or est en effet attestée dans l’enceinte dès -175. Les éléments d’une machine en bois ont été retrouvés au fond du puits creusé dans la roche à une profondeur de 18,30 mètres. Un tambour actionné par une perche facilitait la remontée des seaux. Il est probable que des machines semblables aient été en usage dans les mines toutes proches, afin d’évacuer les eaux s’infiltrant dans les galeries souterraines.