Breiz Atao

Une du numéro 207, daté du 16 septembre 1934, de Breiz Atao (détail). Archives départementales du Morbihan.

Auteur : Sébastien Carney / juillet 2017

Traduction maladroite de « La Bretagne toujours ! », qui en breton se dirait « Breiz da viken ! », Breiz Atao ! fut le slogan choisi par quelques néo-bretonnants pour baptiser ce qui n’était au départ qu’une modeste feuille de chou, aujourd’hui devenue le symbole d’un nationalisme breton aux facettes changeantes et soumis à diverses influences. Devenue de plus en plus radicale dans les années 1930 et 1940, cette expression nationaliste reste souvent méconnue.

Premières expériences

Fondé à l’été 1918 dans le sillage de l’Action française, le Groupe régionaliste breton se dote en janvier 1919 d’un journal, Breiz Atao ! La Bretagne toujours ! Lancée par l’étudiant en architecture Maurice Marchal, cette feuille de quatre pages tirée à 500 exemplaires se dit vouée au « relèvement de la Patrie bretonne ». Au début des années 1920, rejoint par Fanch Debauvais et Olier Mordrel, Breiz Atao se déclare « revue mensuelle du nationalisme breton et des relations interceltiques ». En effet, ses animateurs, désormais membres de l’Union de la Jeunesse de Bretagne (Unvaniez Yaouankiz Vreiz), se sont persuadés de la dégénérescence des Bretons et se donnent pour mission de les régénérer par le panceltisme.

Extrait du n°230 de Breiz Atao daté du 18 août 1935.

Bientôt confrontés à l’échec de ce projet, les jeunes nationalistes se disent « Ni rouge, ni blanc, Breton seulement ! », mais sont à la fois l’un et l’autre : comme d’autres jeunes non-conformistes de leur temps, ils explorent une troisième voie politique. Cette dernière réside un temps dans le fédéralisme international, les relations avec les mouvements flamands, corses et alsaciens, et un pas vers la gauche. Breiz Atao, organe du Parti autonomiste breton (PAB) créé en 1927, devient la voie bretonne du « réalisme » et prend pour emblème l’hevoud – un svastika qui vaut au journal d’être accusé, à raison, de collusion avec une Allemagne désireuse de remettre en question l’Europe dessinée à Versailles. Tiré à 2000/3000 exemplaires, le journal ne compte que 300 à 600 abonnés. Les difficultés financières permanentes et des différends générationnels et politiques conduisent à l’implosion du PAB. En novembre 1931, Debauvais, aidé de Meavenn (Francine Rosec) et des frères Delaporte, lance une nouvelle série de Breiz Atao, désormais organe du Parti National Breton.