Les Bagadoù

Le Bagad Bro Landerne lors de la première manche du championnat des bagadoù de 2nde catégorie le 17 mars 2013 au Palais des Arts et des Congrès à Vannes. Merwann –wikimédia

Auteur : Armel Morgant / novembre 2016

Sans nul doute, la musique bretonne ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui si n’étaient apparus, à la fin des années 1940, les bagadoù, ensembles instrumentaux formés à l’exemple des pipe bands écossais. Non contents d’avoir animé nombre de défilés et de fêtes en tous genres, les bagadoù ont formé au fil des ans une grande école de musique d’où sont sortis un grand nombre d’acteurs de la scène musicale bretonne contemporaine.

Un premier ensemble dans l’entre-deux-guerres

Le bagad n’aurait certainement jamais fait son apparition en Bretagne si n’y avait été importé d’Écosse le bag pipe, la grande cornemuse, dont les pionniers furent entre autres Hervé Le Menn et Gildas Jaffrenou.

Le premier ensemble du genre, Kenvreuriez ar Viniouerien, fut fondé à Paris dans l’entre-deux-guerres, notamment à l’instigation de Dorig Le Voyer, l’un des fondateurs, en 1942, de Bodadeg ar Sonerion, association dont l’un des buts était de doter chaque canton de Bretagne d’un couple de sonneurs bombarde-biniou. Ce n’est en effet qu’au sortir de la guerre que furent formés les premiers ensembles, nommés originellement « cliques », dans un premier temps associés à des harmonies. Ce fut le cas de celui fondé dans un cadre militaire à Dinan par Émile Allain, ou encore celui fondé par Polig Monjarret à Carhaix, sous l’égide de la SNCF.

En 1949, les deux bagadoù existant en Bretagne, Carhaix (Paotred an hent houarn) et Rostrenen (Kevrenn Rostren), se retrouvèrent à Quimper, lors du concours des meilleurs sonneurs de Bretagne, destiné aux couples de sonneurs et aux ensembles.

Dès lors, les bagadoù se multiplièrent, tant en Bretagne que dans les grands sites de l’émigration. Reflétant la société de l’époque, on vit apparaître des bagadoù scolaires, des bagadoù féminins, des bagadoù corporatifs, voire des bagadoù militaires.

Dans les premières années, ce n’était pas la grande cornemuse qui était employée, mais un succédané de celle-ci, mis au point par Dorig Le Voyer, le « biniou bras ». La cornemuse écossaise ne fut définitivement adoptée qu’au tout début des années 1950.

La question de la formation musicale et instrumentale se posant, fut créé, à la fin des années 1950, à l’initiative de Herri Léon « La Pie », de Donatien Laurent et d’Alain Le Hégarat, le Scolaich Beg an Treis de Porspoder, première véritable école de formation du genre, où se retrouva pendant quelques années tout ce qui comptait alors dans ce domaine.

Photos du championnat national des bagadoù 2012. EdouardHue Etiennekd – wikimedia

Les concours, grands moments de la vie des bagadoù

L’histoire des bagadoù est aussi l’histoire de leurs concours. Le concours des meilleurs sonneurs de Bretagne de Quimper devint le Championnat de Bretagne des Bagadoù, qui fut organisé successivement à Quimperlé, Brest, et enfin à Lorient à partir de 1971, donnant naissance au Festival interceltique.

Dans les années 1970, le mouvement connut une certaine désaffection. Un puissant renouveau eut lieu durant la décennie suivante, grâce notamment à la politique de formation montée conjointement avec les conseils généraux et le conseil régional de Bretagne. En 2014, il existe plus d’une centaine de bagadoù. Si l’ouest du pays demeure la terre la plus riche en ensembles de ce type, sa partie orientale voit s’en créer de plus en plus, sans parler de ceux de l’émigration bretonne, hexagonale ou ultramarine. Il est aussi de moins en moins rare qu’un bagad se compose de deux, voire de trois phalanges, dont un bagadig, un bagad-école, où se retrouvent les sonneurs en formation.